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Une battante

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Une battante

« Que ce soit à la pharmacie ou même dans le bus, je dis bonjour. Parce qu’on est rien sur terre. On redeviendra de la poussière, alors quoi ! Pour moi, dire bonjour c’est sacré. Et ma famille, c’est aussi les personnes que je rencontre. »

Née au Congo-Brazzaville dans une fratrie de neuf enfants élevés par leur grand-mère, Marceline est arrivée en France à 16 ans. Ses quatre enfants « mes deux métis et mes deux blacks » l’ont baptisée du surnom de « colonel » : « Colonel, comment ça va ? », « Colonel, aujourd’hui t’as bien cuisiné ! » avec parfois une variante : « Maman, tu es notre star. »

« Monsieur Coulou – diminutif de Coulibaly, un voisin – me dit : “ T’es une battante. ” Mais il fallait me voir au moment des examens ! Pour les résultats du bac d’une de mes filles, j’ai pris mon courage et suis allée au lycée. »

Marceline me restitue les propos bienveillants du directeur : « Je savais que ma fille aurait le bac avec mention ! » Une information sans doute trop belle pour être vraie, alors Marceline demande : « Ah ? C’est à moi que vous parlez ? » Et le directeur de répondre : « Oui c’est à vous que je parle. C’est pas votre fille à vous toute seule, c’est notre fille, elle est très gentille, et je vous avais dit quoi ? Je savais qu’elle aurait une mention ! »

« Une fois rentrée à la maison, je me suis agenouillée. J’ai dit : “ Seigneur, t’es merveilleux. Tu me donnes pas des millions mais ce que tu me donnes, ça fait chaud au cœur. ”

Et c’est pas fini. Pour le brevet, je me suis encore agenouillée et j’ai dit : “ Seigneur, t’es un amour. ” Ma dernière fille me regardait : “ Tu te mets encore une fois à genoux ! Pour le brevet ?! ” »

Rencontre réalisée en octobre 2017