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Des choses gentilles

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Des choses gentilles

« La première fois que j’ai pris ma voiture pour aller travailler, j’étais tellement contente ! Avant, je mettais quelques secondes : j’ouvrais ma porte et j’avais ma loge juste en face. Mais les gens ont du mal à faire la part des choses : ils venaient sonner le soir, le week-end… »

Gardienne d’immeuble dès l’âge de 19 ans, Roxanne travaille depuis quelques mois à Noisy-Le-Sec.

« Juste avant que je parte en vacances, monsieur Coulibaly m’a dit : “ Tu vas pas nous laisser ! ” Ça m’a vraiment touchée. Il y a aussi monsieur Mezani qui nous a fait un petit déjeuner. Il avait vraiment fait ça bien : le lait, le café, les gâteaux, les dattes, le sucre… Même une tasse avec les cuillères dans de l’eau pour qu’elles soient propres. Il avait pensé à tout !

J’ai été à l’enterrement d’une personne y a deux ans. Chaque fois qu’elle allait à la boîte aux lettres, elle me disait des choses gentilles. Après le décès de son mari, quand elle n’allait pas bien, je lui faisais des câlins, sans parler, et elle séchait ses larmes. Elle voulait jamais déranger. J’étais obligée de l’engueuler, j’allais lui faire les courses. Elle s’appelait madame Weber. Quand elle est partie, sa fille m’a demandé si je voulais récupérer un truc. »

Au milieu du salon de Roxanne trône désormais la grosse bonbonnière de madame Weber. « Elle est verte. » Au ton de Roxanne, on comprend qu’elle n’a pas choisi l’objet pour sa couleur. « Et les bonbons devaient dater de 14 000 avant Jésus-Christ.

À chaque fois, je lui disais : “ Mais ils sont pas bons ! C’est des fruits avec du caramel, qui a eu l’idée de faire ça ?? ” Elle me répondait : “ Je sais bien. C’est pour ça que je ne les ai jamais mangés. Je me suis dit que peut-être un jour, quelqu’un les mangerait.” »

Rencontre réalisée en octobre 2017